Mon Amérique à moi ! 

The Hudson, From the Wilderness to the Sea, Benson, J. LOSSING, Black Dome Press, 2000, 464 pp, 18,16 Euros (www.blackdomepress.com)

A la question récurrente « C’est quoi l’Amérique ? », cet ouvrage, qui est une réédition d’une publication de 1866, apporte une réponse historique, géographique et humaine… Sur la géographie, le fleuve HUDSON parcourt New York, un grand Etat des USA. Il s’agit d’une étude sur l’hinterland de la côte Est américain : l’HUDSON se jette à la mer tout en servant d’axe de transport. Pendant deux siècles, il a été une artère économique de première importance. L’HUDSON a façonné les USA pendant le 18ème et 19ème siècles. Ce bouquin raconte les périples de Benson J. LOSSING, un géographe, humaniste qui cherchait à éclairer la voie pour les nouveaux arrivants aux Etats-Unis : il a donné un sens à une quête presque perpétuelle : la terre promise pour rêver et réaliser nos projets politiques, économiques et littéraires... C‘est un voyage initiatique d’un érudit dans l’intérieur du pays «HUDSON» : terre de promesse et de richesses (agricoles et industrielles...) qui a accueilli les misérables, les exclus de l’Europe pour leur donner une deuxième «opportunité» (A Better Chance) de réaliser leurs projets car l’Amérique de LOSSING, c’est l’espace géographique et politique qui permet à chacun de faire ses preuves tout en apportant une pierre à un édifice en constant évolution. LOSSING raconte l’HUDSON et ses environs : les Huguenots installés à New Platz (17ème siècle), la guerre Continentale avec l’armée de George Washington, notre Marquis de Lafayette qui a rendu visite à Newburgh, notamment à la «Hasbrouck House», le QG de George Washigton; la famille Rensselaer (originaire des Pays Bas) fondatrice d’une université du même nom qui est devenu la référence en matière technique et industrielle. La première université pour les femmes (Vassar College) a été créée pour contrecarrer le machisme «intellectuel» des Yale et Harvard «Boys» (qui n’ont accepté les femmes que dans les années 1960-70 !). La liberté de religion, le droit à l’autodétermination, l’abolition des esclavage et le droit des femmes ont fait l’objet des luttes sociales et ont été des enjeux politiques et économiques dans cette partie des Etats-Unis. C’est le tronc commun entre l’Amérique de LOSSING et notre France : une quête constante d’une société plus juste et équitable. Il y a cependant un point noir : le traitement inhumain et l’usurpation des Indiens ! C’est une des contradictions majeures qui reste à examiner non seulement pour l’hinterland de l’ Hudson mais aussi pour le reste de l’Amérique. Mais LOSSING n‘était pas un naïf. Pour lui, les Indiens avaient souffert et ont beaucoup perdu dans cette colonisation américaine. Il fallait progressivement les intégrer, mais comment ? LOSSING est perdu dans des conjonctures banales et sans lendemain. Malgré cela, la modernité, tant voulue par les Philosophes des Lumières, est devenu un objectif atteint dans la plupart des 13 Etats fondateurs des Etats-Unis de l‘Amérique. On conclut que ces 13 Etats sont les plus «civilisés» et les plus proches de la pensée française, voire européenne. C’est cette Amérique que les «Ricains» (comme dirait le Canard Enchaîné) ont perdu depuis belle lurette... Redonner de sens à l’Amérique contemporaine est un objectif de cette réédition. Bravo pour cet effort en espérant que le Président fraîchement élu, BUSH fiston, ait le temps et l’envie de retrouver cette Amérique éternelle. Rodrigo ACOSTA